Article proposé par Bestioles et compagnie : le booster naturaliste
C'est en mars que nous commençons à nous impatienter ! L'hiver est derrière nous et la nature se prépare à se réveiller. Nous avons envie de découvrir ou de revoir certaines espèces mais il faut encore patienter un peu...
Quoi de mieux que de se plonger dans les bouquins ? de vérifier son matériel ou de préparer les prospections à venir ?
Dans cet article nous partageons avec vous notre façon d'aborder une nouvelle saison au contact de la nature. Comment débuter l'étude d'un nouveau groupe d'espèces ? Pourquoi est-ce préférable de s'y prendre à l'avance ?
Bonne lecture,
David Sannier et Nathalie Guénel
co-fondateurs de Bestioles et compagnie : le booster naturaliste.
(5 min. de lecture estimées et une envie bouillonnante de découvrir ces bestioles à la clé )
C'est souvent au coeur du printemps ou de l'été que nos sens sont en ébullition et que nous voulons tout voir, tout sentir, tout cocher parfois... mais alors le temps s'égrène et un parfum de frustration s'installe tant le nombre de mystères se dissimule à nouveau dans la nature.
Combien de fois avons nous râlé en disant par exemple "Déjà en septembre et j'ai à peine ouvert mon nouveau guide sur les papillons... c'était pourtant mon objectif de l'année..."
C'est pourquoi, nous profitons désormais de l'hiver pour nous fixer des objectifs naturalistes : "Cette année c'est sûr j'étudie les Orthoptères!"
La bonne résolution étant prise, comment faire ? A cette période : le terrain est réduit à peau de chagrin, les sorties associatives concernent d'autres thèmes...
Quoi de mieux que de se plonger ou se replonger dans les bouquins ?
Avant de vous lancer nous vous conseillons fortement de savoir dans quoi vous vous engagez ! Voici une petite liste des points de vigilances ou des questions à se poser avant de vous lancer dans l'aventure.
1 - Fixez le temps dont vous allez disposer cette année pour divaguer dans la nature :
Pas le temps que vous aimeriez avoir mais celui que vous aurez, selon votre expérience des années précédentes, vos projets familiaux, professionnels ou personnels par exemple. C'est le moment d'être honnête avec vous-même pour mettre toutes les chances de votre côté pour passer une saison sereine et pleine de joie !
2 - Faites le bilan de vos envies naturalistes :
Quelles espèces avez-vous envie de voir ? Quelles sont vos compétences à renforcer ? Quelles espèces connaissez-vous par coeur ?
Quelle sortie faîtes-vous chaque année comme une sorte de pèlerinage ? Seriez-vous prêts à faire l'impasse cette année pour allouer ce temps à de nouveaux horizons ?
3 - Clarifiez l'investissement que vous voulez fournir cette année :
Avez-vous envie de maîtriser le sujet à la fin de l'année ou de vous lancer dans un projet à plus long terme ?
Quel niveau de difficulté voulez-vous rencontrer ? Est-ce que du travail sous loupe binoculaire vous intéresse pour cette année ou vous préférez rester tout le temps dehors ?
4 - Budgétez votre activité :
Pouvez-vous investir un peu d'argent dans du nouveau matériel ou voulez-vous étudier avec ce dont vous disposez déjà ?
Y a t-il une urgence à vous former ?
Les méthodes sont multiples et nous allons vous livrer la nôtre.
Lorsque l'envie nous vient d'étudier un nouveau groupe taxonomique, nous recherchons en premier lieu s'il existe des livres sur le sujet : Des livres d'identification mais aussi des livres concernant l'écologie et la biologie. Nous sommes férus de beaux livres mais aimons également accéder à la connaissance tranquillement, au fil des pages. Sans compter le plaisir d'alimenter notre bibliothèque naturaliste qui nous suit depuis de nombreuses années.
Nous aimons aussi surfer sur le web pour appréhender encore plus le niveau de difficulté attendue pour ce groupe. Par exemple en recherchant le nombre d'espèces concernées, le matériel dont il faut disposer pour observer les espèces et les milieux dans lequel il faudra se déplacer.
Ainsi nous avons une bonne idée de ce qui nous attend.
- Faire ceci en hiver permet aisément de revoir sa copie selon les critères énoncés plus haut. Il est encore temps de renoncer partiellement faute de budget ou de l'envie de collecter des spécimens par exemple.
- Mais si vous confirmez votre envie de vous lancer, c'est le moment idéal pour commander le bon matériel, commencer à trainer sur les forums pour faire connaissance ou encore vous manifester auprès des associations locales.
Alors vous décidez quoi ?
Prendre le temps de s'imprégner du vocabulaire, de la morphologie des animaux, de la règlementation... est capital à nos yeux pour partir sur de bonnes bases. Rien de mieux qu'un livre pour le faire. Transportable partout, il compile souvent toutes les informations utiles au même endroit.
Voici notre façon d'aborder un guide d'identification des Orthoptères :
1- S'octroyer un temps pour démarrer
Au coin du feu, un chat sur les genoux,
Blotti dans le lit à l'occasion d'une grasse matinée,
Adossé au balcon sous un rayon de soleil,
Dans le train ou en attendant son tour dans une salle d'attente.
Choisissez une ambiance qui vous plait, au calme.
2- Feuilleter le livre sans lire, sans déchiffrer. Installez-vous confortablement, dans une ambiance qui vous plait. Regardez les images, observez.
3- Lire le sommaire et identifier les différentes parties du livre. Il est pratique au début de mettre un marque-pages au début de chaque partie pour une approche plus visuelle. Cela vous permettra plus tard de vous déplacer dans l'ouvrage rapidement.
4- Lire la partie "Généralités". Lisez cette partie comme un documentaire, sans chercher à apprendre. Simplement, lisez et appréciez toutes ces découvertes à portée de ligne.
5- Dégrossir la clé d'identification.
A votre guise, pour le mémoriser vous pouvez soit griffonner tout ça sur un papier, soit utiliser un document texte sur l'ordinateur ou encore vous reporter aux tableaux récapitulatifs de l'ouvrage (souvent à la fin).
Ce travail parait fastidieux mais il permet d'avoir une vision globale de "l'architecture" des Orthoptères.
Reportez-vous à la partie du livre qui lui est dédiée et regardez si ces espèces sont présentes près de chez vous. Une carte permet en général de pointer la répartition des espèces. Il est alors possible de savoir si son département ou sa région sont concernées.
- Si l'espèce est absente de vos terrains de jeux habituels, passez votre chemin et mettez cette famille entre parenthèses sur votre schéma ou dans le bouquin.
- Dans le cas contraire, surlignez l'espèce puis identifiez les caractéristiques de la famille ou du genre. Parfois, lorsqu'il n'y a que quelques espèces, les critères morphologiques sont évidents et très visibles.
Ex : Tetrigidae -> 10 espèces dont 3 dans mon département -> mini criquets à pronotum très étendu qui recouvre tout l'abdomen et qui se finit en pointe -> parait difficile à identifier
Ecrivez avec vos mots ! Personne ne viendra corriger ! Si les termes ne sont pas les bons peu importe, trouvez vos repères mnémotechniques.
6- Choisissez vos premières cibles !
Parmi les espèces surlignées certaines paraitront très faciles à identifier. C'est parti ! Ciblez ces grands gagnants et intéressez-vous aux milieux dans lesquels ils vivent.
Vous pouvez même vous "amuser" à faire une liste d'espèces présentes par grands types de milieux.
Prairie : espèce A, espèce B ...
Forêt : ....
Choisissez l'espèce qui vous attire le plus (question de goût !)
Lisez attentivement la clé d'identification de ces espèces et reportez-vous au schéma descriptif de la morphologie pour commencer à apprendre les critères d'identification.
7- Découvrez la morphologie
Les éléments qui reviennent le plus souvent sont :
Pronotum
Carènes du pronotum
Lobe temporal
Tympan
Tegmina
Palpe
Appendice
Oviscapte
Familiarisez-vous en priorité avec ces termes, apprenez à les localisez et ensuite vous pourrez étendre votre vocabulaire en fonction des besoins.
A partir des photos du livre par exemple, essayez de positionner ces éléments plusieurs fois.
Toujours du plus facile et du plus proche de vous en allant vers la complexité, appliquer ce travail petit à petit jusqu'à avoir une check-list des espèces visibles près de chez vous et les indications qui vont avec.
Notre conviction est qu'il faut répéter les notions encore et encore pour les intégrer et les maitriser.
Il ne sert à rien de bachoter pendant 1 semaine et de ne plus ouvrir le livre jusqu'à votre première sortie. Au risque de vous dégouter, vous risquez en plus d'avoir à recommencer tout le travail le moment venu. Gare au découragement dans ce cas-là !
Ce travail de dépouillage de la clé est une étape fastidieuse mais nécessaire et ô combien salutaire une fois sur le terrain !
Les deux pieds dans une prairie, une bête sous les yeux, vous saurez où chercher rapidement les infos dans le livre, vous saurez où et quoi chercher, quels critères regarder... et ce sera autant de temps de gagner pour l'identification et autant de temps de capture d'épargné à la bête en question !
Ainsi préparer sa saison naturaliste requiert un vrai investissement et n'est pas superflu. Et quoi de mieux de potasser au coin du feu et de se resservir une bonne tasse de thé le temps de terminer sa liste d'espèces ?
En attendant d'aller dehors, faites des quiz.
Rien de mieux que de s'entrainer à identifier des bêtes sur photo. En ouvrant le livre au hasard sans regarder le texte essayer d'aller le plus loin possible dans l'identification. Il existe aussi des quiz en ligne qui proposent des lots de photos à identifier. Et si vous alliez jeter un oeil sur ceux que l'on propose gratuitement sur notre site ?
-Chaque personne a sa méthode de travail !
Ce qu'il faut retenir finalement de cet article c'est qu'il faut prévoir un temps pour s'approprier les outils avant la saison de terrain. Vous préférerez faire comme-ci ou comme-ça mais l'essentiel est de s'y pencher avant de sauter dans le grand bain !
N'hésitez pas à demander aux autres naturalistes comment ils abordent un nouveau groupe d'espèces. En prenant un peu chez chacun vous ferez votre méthode sur mesure !
-Rapprochez-vous des associations locales
Vous hésitez à vous lancer dans les Orthoptères, dans un autre groupe d'espèces ou à devenir naturaliste ?
Nous vous conseillons de nous rapprocher des associations locales. La plupart d'entre elles proposent des sorties naturalistes qui permettent de découvrir la nature, rencontrer de nouveaux groupes d'espèces ou commencer à se former. C'est un très bon point de départ pour se lancer et être soutenu dans son apprentissage.
- Offrez-vous le Cahier d'identification des Orthoptères de France, Belgique, Luxembourg et Suisse (+ CD audio)
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